La participation, piège à con ? (03.12.2024)
La participation n’est pas quelque chose qui doit se prendre à la légère et la pire en la matière c’est de demander l’avis des gens sans en tenir compte. Cela procure une forme de légitimation de décision et de posture qui n’en sont pas issues, une perte de temps, d’énergie et d’espoir pour ceux et celles qui contribuent sans voir leurs positions être relayées et prise au sérieux. Cela n’est pas toujours intentionnel, on peut consulter naïvement sur des objets ou des sujets sur lesquels les autorités concernées n’ont de fait que peu ou pas de pouvoir. Il est utile pour ce faire de définir un cadre clair de ce qui peut ou ne peut être traité de manière participative et du niveau de participation que l’on peut offrir. La littérature distingue à ce titre différents niveaux de participation, information, consultation, concertation, codécision.
La participation comporte d’autres risques intrinsèques, dont celui, important d’être biaisée. Elle n’a pas la prétention à être parfaitement représentative, mais elle doit l’être un minimum, pour ne pas se transformer en porte-voix d’une minorité. C’est le cas si on consulte sur une plateforme qui est largement utilisée par une catégorie restreinte de la population. C’est le cas aussi si on organise une séance participative à laquelle ne participent que des hommes blancs de plus de 50 ans. A défaut, il faut être très transparent et sincère sur ce que nous dit et ce que ne nous dit pas ce sondage partiel sur l’ensemble de la population.
La participation, pour être prise au sérieux, doit s’inscrire dans les institutions. Elle doit cerner les objets, définir les conditions et surtout définir les pertes de pouvoir. Car il ne peut il y avoir de participation substantielle sans perte de pouvoir institutionnelle corrélée. C’est ce que propose Puplinge Bouge. Soutenir la démocratie locale, l’autonomie communale et développer des formes alternatives et plus ouvertes de démocratie, basée sur la concertation, la consultation, la codécision. Tout particulièrement, avec les assemblées citoyennes et les panels représentatifs proposés dans son programme 2025 – 2030. Avec un dispositif de tirage au sort pour un panel représentatif de la population qui aurait pour vocation d’être consulté par le conseil administratif. Avec une assemblée villageoise annuelle pour prendre ensemble des décisions contraignantes sur des objets ciblés, déterminés par le conseil administratif. Avec des « Dialogues avec le Conseil Administratif » qui permettent à la population de rencontrer les conseillers administratifs et de discuter de sujet divers. Avec une meilleure consultation du conseil municipal sur les règlements communaux et en amont des projets d’aménagement. L’instauration d’une vaste enquête participative sur les envies et les besoins des habitants et habitantes en début de chaque législature. Avec des démarches participatives ciblées pour les objets qui s’y prêtent. Des changements institutionnels de fond qui ouvrent la participation à la commune de manière large, en tenant compte de modes d’engagement plus fluides et contraints de la population aujourd’hui, et en distinguant clairement les différents degrés de participation et de délégation du pouvoir.
Jérôme Grand
Last modified: 10/12/2024